Les syndromes d’Ehlers-Danlos : poser le diagnostic !

Si le diagnostic peut être posé à n’importe quel âge, de longues années passent généralement entre l’apparition des premiers symptômes et le moment où le diagnostic est réellement posé. 

“C’est un processus qui est assez long parce que même si certains malades se présentent avec un syndrome typique, on est le plus souvent confronté à un tableau clinique plus fruste qui nécessite des investigations complémentaires pour pas méconnaître un autre diagnostic.
L’hyperlaxité par exemple est présente dans d’autres syndromes génétiques.
Il est donc important d’avoir une stratégie de départ pour ne pas passer à côté d’un diagnostic autre dont le pronostic est différent et qui ne nécessite pas la même surveillance.
C’est parfois l’évolution clinique des malades qui guide le diagnostic. Tous les critères cliniques ne sont pas toujours présents d’emblée, notamment chez les jeunes.
Parfois les critères cliniques se complètent au fil du temps, parfois les symptômes s’amendent”. 

Le diagnostic est orienté par des éléments d’anamnèse du patient et de sa famille.

L’interrogatoire de ces malades est donc fondamental pour savoir par exemple si des symptômes évocateurs sont présents chez les parents ou les frères et sœurs.
Vient ensuite un examen clinique complet qui donne lui aussi beaucoup d’éléments, et différents examens complémentaires en fonction de la présentation clinique du malade (échographie cardiaque, radiographie du rachis, explorations neuro-musculaires, vasculaires et osseuses etc.).
Tout cela intervient avant la réalisation de tests génériques qui prennent du temps, et qui sont parfois difficiles à interpréter.  

“Le diagnostic doit être confirmé par des praticiens spécialisés, ayant acquis une expertise au sein d’un centre de référence et qui vont prescrire une étude génétique réalisée dans le cadre d’une consultation de génétique spécialisée.”

Dr Karelle Benistan, centre de référence des Syndromes d’Ehlers-Danlos non vasculaires.

Le diagnostic des SEDnv

Le diagnostic du SEDv

Les symptômes débutent habituellement dans l’enfance, plus ou moins précocement selon le type et la sévérité du SED.
Devant une suspicion de SED (quel que soit le type), les principaux signes à rechercher sont :
- histoire familiale de SED,
- difficultés de cicatrisation,
- hématomes anormaux,
- hyperextensibilité cutanée,
- hyperlaxité articulaire (dépistée par le score de Beighton),
- entorses et luxations multiples,
- scoliose,
- douleurs articulaires,
- fragilité des tissus conjonctifs,
- fatigabilité anormale.

Un SED-NV est souvent suspecté sur la base d’une hypermobilité articulaire généralisée, d’une cicatrisation anormale des plaies, d’ecchymoses inexpliquées ou d’autres signes de fragilité des tissues.

Typiquement, en l’absence d’antécédent familial de SEDv, la maladie est suspectée et diagnostiquée au décours d’une complication aiguë et plus fréquemment au décours du second accident artériel ou digestif.


- antécédents familiaux de SEDv avec variant causal deCOL3A1identifié
- rupture artérielle à un âge jeune
- erforation spontanée du colon sigmoïde en l’absence de maladie diverticulaire connue ou autre pathologie intestinale
- rupture utérine durant le troisième trimestre en l’absence de sévères lésions périnéales antérieures et/ou de la cicatrice d’une précédente césarienne
- formation d’une fistule du sinus averneux (CCSF) en l’absence de traumatisme


En cas d'antécédent familial avéré, le diagnostic de SEDv est parfois porté chez des apparentés asymptomatiques ou pauci-symptomatiques dans le cadre d’un dépistage familial. Dans ce cas, la recherche a posteriori des antécédents médicaux et l’anamnèse peuvent parfois permettre d’identifier des signes mineurs de fragilité d’organe ou des accidents d’organe attribués à tort à d’autres causes.
Plus rarement, la maladie est diagnostiquée chez l’enfant à l’occasion d’une complication aiguë ou dans le cadre de manifestations pouvant être associées au SEDv (hématomes, pied bot, hypotonie à la naissance, bride(s) amniotique(s), etc…).

Néanmoins, le diagnostic clinique n’est pas si simple

Parce que de nombreux symptômes sont communs à d’autres maladies génétiques rares et que le tissu conjonctif s’altère avec le temps.

Les signes de fragilité tissulaire sont donc progressifs et l’évolution clinique est un point majeur du diagnostic.

Par conséquent, le diagnostic peut être long, reposant à la fois sur des critères négatifs (pas d’arguments pour un diagnostic différentiel) et des critères positifs (apparition de plus en plus de signes de fragilité tissulaire).

Ceci est surtout vrai pour le SED de type hypermobile dont la base moléculaire n’est pas encore identifiée. Pour les autres types, une fois que le diagnostic clinique est posé, une étude génétique peut être proposée pour confirmer le diagnostic SED-NV.

La prévalence des syndromes d’Ehlers-Danlos non vasculaires (SED-NV) est estimée à 1 personne
pour 5 000 pour le type le plus fréquent (le type hypermobile).

Les autres types de SED-NV sont beaucoup plus rares (par exemple environ 1/30.000 pour le SED classique).

Prise en charge du retentissement physique des SED  en rhumatologie, médecine interne, médecine physique et de réadaptation et neurologie – Aspects sociaux

Bilan d’exploration médical (biologie, radiologie et examens complémentaires, kinésithérapie, ergothérapie)
Le bilan initial recherchera un diagnostic différentiel : maladie osseuse, neuro-musculaire ou rhumatologique…

Un bilan en médecine interne est particulièrement intéressant lors des explorations initiales de ces patients, pour écarter un diagnostic différentiel. Sur le plan biologique, il comprendra selon les patients les dosages suivants : bilan inflammatoire, bilan auto-immun, bilan d’hémostase, TSH, CPK, bilan phosphocalcique, …
Une radiographie de rachis complet (EOS si possible) et une échographie cardiaque doivent être réalisées de façon systématique (sauf contre-indications).
Le bilan radiologique ostéo-articulaire complémentaire pourra comprendre selon les patients : radiographies du bassin, des genoux, des mains, des épaules, ostéodensitométrie, échographies, IRM et/ou scanner.

Les mutations ont été identifiés dans les gènes codant pour les collagènes de type I, type III et type V, ainsi que dans les gènes codant les protéines qui sont impliquées dans les processus de modifications post-traductionnelles de ces collagènes.

Des mutations ont également été identifiées dans les protéines non collagéniques, montrant que le SED peut également être causé par des défauts dans des protéines autres que le collagène.
Pour la plupart des types de SED, un ou plusieurs défauts génétiques sous-jacents ont été identifiés.

Pour certains d’entre eux, le défaut moléculaire causal reste à découvrir. Ainsi, de nombreuses protéines différentes peuvent être impliquées dans la pathogenèse des SED et d’autres restent à découvrir. De plus, même si le gène anormal est connu, la condition est dans presque toutes les familles avec le SED causée par un mutation unique dans ce gène.

Depuis plusieurs mois, une prise de sang est faite en centre de génétique, et cela part ensuite en étude d’éxome. Des retours positifs parfois reviennent sur une anomalie de la TNXB. Ceci est révélateur d’une anomalie pour le SEDh mais n’est pas encore suffisant  et cela n’est pas un test génétique pour confirmer ou infirmer les autres malades qui ne seraient pas positif. En effet ce n’est pas un test génétique car plusieurs gènes seraient mis en cause dans le SEDh et pas seulement le TNXB. Cliquez sur l’image pour en savoir plus.

En clair : Le mécanisme pathogénique est inconnu. Un petit nombre de malades présentent une haploin suffisance en tenascine X, glycoprotéine exprimée dans les tissus conjonctifs et encodée par le gène TNXB (6p21.3), qui est aussi déficiente dans les rares cas de SED classique autosomique récessif

Des mutations dans les gènes suivants peuvent causer des sous-types des syndromes d’Ehlers-Danlos: Les protéines fibreuses: COL1A1, COL1A2, COL3A1, COL5A1, COL5A2 et TNXB Enzymes: ADAMTS2, PLOD1, B4GALT7, DSE et D4ST1 / CHST14Les mutations dans ces gènes modifient généralement la structure, la production ou la transformation du collagène ou des protéines qui interagissent avec le collagène.

D’autres examens pourront être proposés par les spécialistes,
en fonction des symptômes à la recherche de complications :

Pour les SEDnv

- Angio-IRM cérébrale,
- écho-doppler des troncs supra-aortiques,
- EMG,
- IRM musculaire,
- IRM médullaire,
- radiographies et scanner dynamiques du rachis cervical.
- des bilans ophtalmologique,
- de kinésithérapie,
- de psychomotricité et d’ergothérapie (plus rarement orthophonique) pourront être prescrits en fonction de la présentation clinique.

Ce bilan est commun à tous les types de SEDnv.

Découvrir le PDF d'informations réalisé par le centre de référence coordonateur des SEDnv.

Pour le SEDv

- un bilan biologique : fonction hépatique et rénale, bilan lipidique, glycémie à jeun, numération formule sanguine et bilan d’hémostase.
- un électrocardiogramme
- une échocardiographie trans-thoracique, à la recherche de séquelles d’ischémie, d’une atteinte valvulaire et d'une dilatation de l’aorte ascendante.
- un écho-Doppler des troncs supra-aortiques (TSA).
- un écho-Doppler de l’aorte abdominale et de ses branches digestives et rénales, des axes iliaques, des artères des membres inférieurs et des membres supérieurs.
- un angioscanner ou une angio-IRM des TSA et polygone de Willis, de l’aorte thoracique et abdominale.

La biopsie cutanée n'est pas indiquée dans le cadre de ce bilan.


Ces différents examens permettent d’établir un état des lieux des lésions artérielles déjà présentes, et d’en évaluer la sévérité (nombre de territoires artériels touchés et lésions artérielles à risque de complication).

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